C'était une belle journée... [PV Lalin Lusin]

Il aquiessa à ma proposition, se leva et paya notre repas. J'en fut gênée et aurait bien protesté, seulement je savais que c'était engager un combat perdu d'avance, et préférais donc ne rien dire et laisser faire. Pour cette fois.

Nous sortîmes du restaurant et entreprîmes de marcher, doucement, main dans la main, côte à côte...
Plus on marchait plus je pouvais sentir sa tristesse, et l'éprouvait aussi. Moins que lui, évidemment, mais tout de même beaucoup. Initialement, j'avais tendance à me mettre à la place des autres ( sauf ceux qui ne le méritaient pas ), à ressentir ce qu'il ressentaient. Mais là, il s'agissait de Kyohei, et, bien que je ne le comprenais que depuis peu de temps, j'en devenais d'autant plus empathique et sensible à sa douleur, de part les sentiments qui m'habitaient à son égard.

Là, il s’arrêta, se tourna vers moi, et pris mon visage entre ses mains. Lorsqu'il posa ses lèvres sur les miennes, je me mis à culpabiliser du plaisir que j'éprouvais. Plaisir qui s'intensifia lorsque l'une de ses mains se posa dans mon dos et me serra contre lui, et que l'autre caressa mes cheveux. A ce moment je n'arrivais plus à culpabiliser. Sans vraiment y penser, j'entourais son cou de mes bras, et laissais gentiment gambader mes mains sur sa nuque et ses cheveux. J’étais en train de découvrir plus en profondeur une sensation nouvelle pour moi, et les sentiments que j’éprouvais pour lui : J'avais comme soif de lui, d'être avec lui, de le sentir près de moi, qu'il m'embrasse... Oula ! C'était définitif, le rouge devenais ma couleur habituelle...
Toute la tendresse contenue dans ce baiser me remplissais d'une émotion telle que j'en avais presque les larmes aux yeux.
Quand nos bouche se quittèrent, j'avais le souffle court. Il me prit dans ses bras, et mon cœur, se calmait, à grands peine.

- Lalin, je t'aime... Je veux pas te perdre... Je suis sincère... J'ai toujours repoussé mes sentiments... Mais je sais que je t'aime...

Il m'embrassa alors, encore - je ne m'en lassais pas... Mais je stoppais ce contact pour lui répondre, plongeant mon regard dans le sien et posant mes mains autour se son beau visage.

- Tu ne me perdras pas, jamais, quoiqu'il arrive. Et maintenant que j'ai compris ce que j’éprouvais pour toi - je crois bien que j'avais moi aussi repoussé mes sentiments - tu n'es pas prêt de te débarrasser de moi ! Je t'aime, depuis...toujours semble-t-il, et ça n'est pas prêt de changer, Kyohei.

J’espérais que le sourire qui naquit sur ses lèvres suite à mes paroles, était le signe qu'il ne doutait pas de leur contenu.

- Viens, on rentre, murmura-il.

Nous arrivâmes donc à la boutique, et je ne pus m’empêcher de faire la comparaison avec le moment où nous l'avions quitté, plus tôt dans la journée. A ce moment là l'air était tellement plus léger, sans grande importance, joyeux, avec pour seul préoccupation, nos armes, notre repas, et notre amour naissant que nous cachions. A présent Kyohei avait perdu toute sa famille. Et je savait qu'il tenait énormément à celle-ci, notamment à sa petite sœur, Siä...
Il se dirigea directement dans son atelier et je l'entendis frapper, avec plus de force qu'habituellement. Il évacuait cet événement en forgeant supposais-je. Ne supportant pas de l'entendre comme ça, je m’attelais donc à ma part de notre travail : J'enchantais des armes. Seulement il n'y avait pas assez d'arme à enchanter pour ne pas avoir à finir avant lui. Et aucun client à l'horizon...
Je me mis donc à réessayer une expérience que j'avais déjà commencé à initié récemment. Et l'avantage, c'est que ça me permettrait de penser à autre chose, car cela demandait une concentration énorme. Je m’assis donc sur la chaise, derrière le contoire, fermais les yeux, prit plusieurs grandes inspirations et me lançais.
Je me mit à imaginer que chacune de mes cellules, de mes atomes, furent envahis par de l'énergie électrique, que ma "réserve interne d'électricité " se propagea partout en moi. Puis, une fois que ce fut fait, que tout ne fasse qu'un, que chaque part de moi devienne électricité. Je commençais par le bout de mes doigts, et ressentis une sensation étrange, enivrante, si nouvelle et puissante, qu'elle en faisait presque mal.
Je n'osais pas ouvrir les yeux, craignant déclencher ainsi une baisse de concentration si je voyait un résultat concluant, ou une déception.
Puis j'entendis la porte s'ouvrir, me relevais et vit Kyohei sortir de son atelier, arme a la main :

- Lalin..., murmura-t-il calmement, avant de déposer un baiser sur mes lèvres. Je reviens bientôt, je vais aller m'entraîner...

Il s'en alla, tête baissée, trop rapidement pour que je puisse avoir le temps de lui répondre autre chose qu'un bref " d'accord...". Je compris qu'il devait avoir besoin de libérer ses émotions, et que l'entrainement pouvait le lui permettre par la violence. Et que ça lui permettrait d'être seul. Réaction tout à fait normale. Pourtant, cela me rendait inexplicablement triste.
N'ayant toujours pas de client dans les environs, je me remis à mon activité expérimentale, réitérant toutes les étapes effectuée précédemment, et les poursuivit. Cette sensation particulière déjà ressentie tout à l'heure revint, en partant du bout de mes doigts encore une fois, puis s’étendit dans la totalité de mes doigts. Je compris qu'il y avait des similitudes entre elle et celle qui m’envahis lorsque je passe de ma forme humanoïde à lupine. Je me transformais.
Je me risquais donc à ouvrir les yeux, et descendis lentement mon regard sur mes mains. J'avais beau l'avoir sentis, déclenché consciemment, ce fut tout de même un choc pour moi : mes doigts étaient littéralement électriques, de l’électricité pure, mais sans distorsions, gardant la forme de mes doigts. J'étais fascinée, et grisée en même temps. Puis, ce fut finit. Mes doigts redevinrent chair, os, sang, bref, des doigts normaux, quoi. J'en fut déçue.
Relevant la tête je m’aperçut qu'il n'y avait plus de lumière dans la pièce - ce qui en soit ne me dérangeais pas, ayant une vue nocturne - et, regardant par la fenêtre, qu'il faisait nuit. Combien de temps mon expérience avait-elle duré ? Je n'en avais aucune idée. Mais je savais une chose : Kyohei n'était pas revenu, je l'aurait entendu autrement.
Je me levais, sortis de la boutique, la fermais a clef derrière moi, et me lançais à sa recherche.
J'allais tout d'abord là où je savais qu'il avait l'habitude de s'entrainer, mais, n' l'y voyant pas, fit demis-tour , et retournais à la boutique, dans le cas ou il y serait retourné alors que j’étais partie. Personne. Ou pouvait-il bien être ? Je commençais à vraiment m'inquiéter, et m'imaginais les pires scenario. Et si les humains étaient revenus pour finir le travail, et avait trouvé Kyohei, seul..? Je repoussais cette pensée le plus loin possible en me concentrant sur " ou peut-il être allé ?". Puis, je me souvint d'un coin dans la forêt, ou nous étions allés une fois - en amis à ce moment-là. C’était l'endroit parfait : Personne ne passait jamais par la, et la nature nous entourait. Je me lançais donc en direction de la forêt.
Je le vit enfin, et poussais un soupir soulagée : il était sain et sauf.
Assit sur un tronc d'arbre, son épée près de lui, il avait le regard fixe, dirigé face à lui.
Cela me fit de la peine de le voir ainsi. J'étais derrière lui, et m’avançais, doucement, puis, une fois arrivée à sa hauteur, l'entourais de mes bras, doucement là aussi, et posais ma tête sur son épaule avant de déposer un baiser sur sa joue...[b]

J’espérais de tout mon être pouvoir l'aider, et j'aurais tout donné, tout ce que j'avais, pour en avoir le pouvoir.
Il releva brusquement la tête et murmura, semblait-il, à quelqu'un d'autre, bien que nous fumes seuls :

- Dis pas ça... Dis pas ça... Pas...ça...

Il m'attira à lui ( ou plutôt sur ses genoux) et sanglota, sa tête dans le creux de mon cou. Il avait l'ai tellement mal ! Tentant d'être le plus réconfortante possible, je passais un bras dans son dos et le lui frottais, et de mon autre main, lui caressais les cheveux. Je ne savais pas vraiment à qui il adressait ces paroles, mais ne le lui demandais pas.

- Ex-Excuse-moi... L-Lalin...

Là c'était le comble ! Il venait de perdre sa famille, la vie qu'il avait eut jusque là, sa sœur tant aimée, tous assassinés par des humains cruels qui, pour pousser le vice ont laissé une lettre déclarant qu'ils l'avaient mérités, et il s'excusait de son état ?! Il était adorable ! Dans cette situation il faisait attention à moi ! Ça me mettait hors de moi !
Je me mis à le serrer contre moi un peu plus fort :

- Non mais tu t'entends ? Tu n'a pas à t'excuser, ni à avoir honte d'être mal, de pleurer, d'être en colère, après ce qu'il vient de t'arriver ! N’ai pas peur d'être comme ça face à moi, c'est compris ? Tu dois extérioriser tout cela, et tu peux le faire devant moi.

Je déposais un baiser sur sa tête, comme pour illustrer la puissance de mes propos à la hauteur de la puissance de mes sentiments pour lui...

- Lalin, je... Je l'entends encore... S-Sa petite v..., me dit-il avant de s'interrompre.

Puis il murmura, énervé, la tête encore plus baissée :

- Tais-toi... Laisse-moi... Tais-toi !

Il me serra contre lui et se laissa aller aux sanglots qu'il avait besoin de laisser sortir. Je continuais les gestes que j’espérais réconfortants, et attendis patiemment, heureuse qu'il se laisse aller devant moi, tout en me demandant ce qu'il avait voulu dire, et à qui il avait parlé. Sa petite quoi ? V....Voix ? Avait-il voulu dire voix ? c'est ce qu'il semblait le plus probable puisqu'il parlait à ce qu'il entendait. Mais la voix de qui ?
Puis il releva la tête et évita mon regard :

- Lalin... Je t'aime...

Il me regarda alors avant de poser doucement ses lèvres sur les miennes.

- Je t'aime aussi Kyohei. De tout mon cœur et de toute mon âme...

Je pris son visage entre mes mains et plongea mon regard dans le sien pour lui communiquer toute la conviction que j'avais à propos des sentiments qui m'habitaient pour lui, puis lui déposais moi aussi un tendre baiser sur ses lèvres...

Il me regarda et murmura :

- J'entends Siä me parler...

C'était donc la voix de sa sœur qu'il entendais...Je devinais, avant même de le voir dans ses yeux, que ça l'effrayait. Il avait eut peur de me le dire, peur de ma réaction. Baissant la tête et les yeux il posa son front contre mon épaule, et dit, sanglotant :

- J-Je me sens si...impuissant... Il ne me reste que toi... M'abandonne pas...

J'avais raison, et le voir ainsi, voir ses yeux dorés pareils à des pièces d'or, si triste, désemparées, désespérés, m'étais insupportable. Il me serra contre lui avec force. Caressant sa tête d'une main, je lui répondis, avec douceur et amour :

- Même sans compter la promesse que je t'ai faite, je ne te quitterais jamais, parce que je t'aime. Ce que tu traverse est horrible et je ne porte aucun jugement aux effets que ça a sur toi, lui dis-je pour le rassurer. Je t'aiderais du mieux que je le pourrais à y faire face.

Je lui relevais la tête et passais ma main sur son visage, écartant au passage quelques mèches de cheveux qui y étaient collée.

- Tu as besoin de repos..., lui dis-je avant de déposer un baiser sur son front.

Il lui fallait un toit, mais, sa maison ne pouvant plus l’accueillir, je décidais que la chambre d'ami que nous n'utilisions jamais chez moi pourrait lui convenir, et mes parents n'y verraient aucun problème, bien au contraire...

- Viens, allons chez moi, tu pourras t'y reposer...

Je commençais à m’écarter un peu de lui, pour me lever...

Je ne savais pas quoi faire. Le voir ainsi me rendais si...triste.. Aussi je lui caressais doucement la main avec laquelle il tenait la mienne, avec mon pouce.
Nous arrivâmes finalement devant chez moi et il frappa à la porte. Je l'ouvrit avant que mes parents n'arrivent et pénétrais à l'intérieur de la maison, avec Kyohei, que je gardais près de moi.
Mes parents arrivèrent, avec le sourire, comme d'habitude quand je rentrais. Leur sourire s'intensifièrent quand ils virent que je n'était pas seule, que Kyohei m'accompagnait :

- Tiens, mais qui nous ramènes-tu là, Lalin ? Ne serait-ce pas ton...

Bien que lancé pour dire quelque chose comme " ton charmant associé ?", d'un ton taquin, mon père s'interrompit en voyant les têtes que nous avions, et le fait que nous nous tenions la main. Mes parents de regardèrent, surpris, perdant leur sourire et s'approchèrent de nous.

- Que se passe-t-il les enfants..?, nous demanda ma mère.

Je leur racontais, en seulement quelques mots, le terrible événement qui eu lieu dans la journée. Immédiatement ma mère prit Kyohei dans ses bras, chaleureusement, tandis que mon père posait sa main sur son épaule ( il aurait sans doute fait plus si ma mère lui avait laissé un peu de place ). Aucun ne surent dire quoi que ce soit, mais, dans leur silence, on comprenait mieux qu'avec des mots, qu'ils voulaient être là pour lui, qu'ils étaient désoles et partageaient, du mieux qu'ils pouvait, sa peine...