De sanglantes retrouvailles... (PV : Dextra Noctibule)

Je pris le temps de soigneusement ranger les paquets que j'avais préparé pour mon père adoptif et de les accrocher à la selle de ma monture, avant de partir pour les plaines d'Almoth. Le temps était radieux, cette chevauchée promettait d'être agréable malgré la distance considérable à parcourir. Une légère brise s’engouffra dans mes ailes, faisant ondoyer mes soyeuses plumes blanche qui, au contact de la lumière du soleil se mirent à miroiter de toutes les teintes de l'arc en ciel. Ce véritable spectacle multicolore arracha un cri aux enfants du royaume jouant sur la place principale, prés de la fontaine, et dès lors il ne cessèrent de vouloir me suivre, me tendant leurs petits bras et me suppliant du regard de les laisser caresser mes ailes de faucon. J'étais habituée à susciter cet intérêt de la part des sujets d'Anamruh, étant, d'après les dires, la seule survivante de la lignée des animorphes volatiles, et pour ma part j'avais accepté cette particularité et vivais d'autant plus en harmonie avec tous ces félins.
Cependant ma route était longue et je ne pouvais malheureusement me permettre de m'arrêter pour jouer avec ces adorables bambins ne serait ce que cinq minutes.
A regret je leur dis : " Mes adorables petits chatons, votre reine a une importante personne à visiter aujourd'hui, mais je vous promet de revenir m'amuser avec vous à mon retour ". Sur ce, les gratifiant d'une caresse bienveillante sur leurs mignonnes petites oreilles de chats, je repris ma route.

Ma destination étant la frontière avec le pays des humains et nos relations diplomatiques avec eux étant ce qu'elles étaient, le chemin que j'empruntais étais par conséquent plus que désert, je ne croisais pas le moindre voyageur. Hasrat, mon phoenix, était décidément trés heureux de pouvoir voler en pleine nature et non plus enfermé dans les jardins du palais, je le surveillais du coin de l'oeil au cas où cette tête de mule décide de me faire un numéro de voltige se soldant par une blessure. Mais non, à ma plus grande joie, Hasrat avait décidé d'être raisonnable.

Enfin, après trois longues heures de trot, j'ordonnais à mon cheval de s'arrêter.
Le tertre sur lequel Demosthène avait érigé sa cabane était dans mon champ de vision, mais son aspect lugubre me glaça d'effroi : le toit était à demi effondré, la porte d'entrée pendait sur ses gonds, les fenêtres étaient brisées en milles morceaux répandus sur le sol... Comme en réponse à mon désespoir, Hasrat poussa un longue plainte caverneuse, faisant s'envoler les oiseaux alentours.
Je repris contenance et chargea jusqu'au coteau à une allure démentielle, sautais de la selle d'un mouvement souple et enjamba la clôture fracassée pour pénétrer dans la modeste masure...
Les objets personnels jonchaient le sol, le moindre meuble avait été détruit, rien n'avait résisté au démon qui s'était acharné sur cet endroit qui m'avait vu grandir...
Je cherchais désespérément Demosthène, je le savais rude et costaud mais il n'était plus tout jeune, peut être était il encore aux champs ? Ou était il parti en cueillette dans les bois qui jouxtait son domaine ? Mais ces vaines réflexions me faisait perdre du temps, je détourna le regard et remarqua une chaussure dépassant à l’arrière d'une commode renversée. En m'approchant de côté je vis celui que je m’efforçais de retrouver, étendu là, devant moi ! Sa jambe avait pris un angle bizarre, de multiples coupures transparaissaient sur toute sa peau, du sang imbibait ses vêtements...

Je ne pus m'approcher davantage car une lame en travers de ma gorge me força à reculer...

Parmi les gens que j'ai en horreur, les humains qui aident la vermines sont peut-être en premier sur ma liste. Notre sang si pur ne peut être souillé par les traîtres dans leur genre ! Afin de purifier notre monde de tout ces insectes, j'ai rejoins la guilde secrète des Corbeaux Noirs. Grâce à eux je peux assouvir ma haine en purifiant le monde de tous ces êtres.
Quand on m'appris qu'un traître à son sang avait été retrouvé, je me porta volontaire sur-le-champs. J'allais pouvoir déchaîné ma violence à mon grand plaisir. Demosthène. Jadis je l'avais connu. Il m'avait acheté une arme puis avait disparu. Jusqu'à aujourd'hui, le jour de sa mort.
Mon étalon aussi était impatient. Cela se sentait. Il était accordé à ma fureur. Après un petit bout de chemin, j'aperçu enfin sa maison. Il était à l'intérieur. Je me délectais d'une proie si fragile. J'arrivais à la porte. Sur le coup je me demanda si je devais frapper ou la défoncer. La deuxième option fit plaisir à ma monture. D'un puissant coup de sabot, elle la démolit.

-Bonjour Demosthène, fis-je dans un sourire pervers. Cela fait bien longtemps que tu n'est pas venu en ville dis-moi. Peut-être est-ce à cause de l'ignoble chose que tu cache ?!

Je sorti de mon parchemin, une lourde massue. Le pauvre homme tremblait de tous ses membres. Son visage perdit toutes ses couleurs. J'abattis mon arme sur un mur. Il se fissura et les objets accrochés là se répandirent sur le sol. Mon visage pris une expression de rage et de perversité extrême. J'aimais tuer. J'aimais sentir sur mes doigts le sang frais de ces choses. Il n'étaient pas humain. Et le humains qui les aidaient ne valaient pas mieux qu'eux. Dans un ton mielleux que ceux qui vont s'extasier de faire souffrir, je lui dit:

-Je vais détruire ta misérable vie. Détruire tout ce que tu as bâti. Et quand te torturer ne me feras plus rire, je pourchasserai ton horreur de "fille".

J'émis un rire diabolique. Je l'entendis me supplier pendant que je laissais libre court à mes pulsions. Je le tortura pendant des heures, en prenant bien soin de ne pas le tuer. Je voulais qu'il trépasse dans les flammes de son refuge. Satisfait, je monta un petit campement non loin de la maison calcinée, de sorte à ne pas me faire voir. Je sentais que ma proie allait bientôt arrivé. Après tout les rumeurs vont vite.

La lame froide entailla ma peau, une goutte de sang roula sur mon cou et se perdit dans mes cheveux, laissant derrière elle un sillon rouge sombre.
Je ne devais pas me laisser gagner par la panique, de toute évidence mon agresseur en voulait aussi à ma vie et bien que l'aspect de Demosthène laissais penser qu'il était mort, il y avait peut être une chance que mon phoenix et ses pouvoirs de guérisseurs exceptionnels le ramène à la vie !
Je devais être plus maligne et gagner du temps.

"Pourriez vous avoir l'amabilité de reculer votre épée d'un centimètre s'il vous plaît, je n'ai aucune arme sur moi, vous pouvez aisément le vérifier par vous même." lui dis-je.

Son absence de réaction me déconcerta, cependant j'avais déjà établi un contact mental avec mon familier Hasrat et lui intimai de se faufiler par la partie du toit effondré et de s'y dissimuler. Nous avions développé ensemble un lien tellement fort que si je me concentrais quelques minutes, je pourrais voir par ses yeux et en apprendre ainsi beaucoup plus sur l'assaillant.

"Je ne suis pas une menace..." poursuivis-je. Le contact de la lame se raffermis sur ma peau. Oups, j'avais surement gaffé. Puis il éclata d'un rire cruel et plein de hargne. Comparé à mes paroles presque chuchotées et au silence pesant de la minute précédente, je préférais de toute mon âme qu'il retourne à son mutisme. Des frissons parcoururent mon corps et la sueur se mit à perler sur mon front. Il me mettait plus que mal à l'aise, j'avais l'impression de parler au mal en personne, chaque cellule de tout mon être me criait de fuir ! Mais je ne pouvais pas abandonner Demosthène, c'était hors de question.
C'est au milieu de toutes ces réflexions confuses que l'homme se décida à prendre la parole.

J'avais enfin attrapé ce volatile. Le petit oiseau était tombé dans mon piège. à présent il était à ma merci. Je dus retenir mon bras pour ne pas la décapité net. Je voulais la faire souffrir. Le sang est plus clair quand un animal agonise. Il révèle sa beauté quand son hôte voit sa vie défilé devant lui. Cela ne le rend que plus merveilleux.

-*d'une voix douce et perverse* Qui a dit qu'il s'agissait d'une erreur ? Crois-tu que tu vas pouvoir voler sans tes ailes, immondice volante ?!

Je lui balança un puissant coup de pied dans le foie. Elle s'écrasa sur une table qui n'avait pas encore rendu l'âme. L'odeur du sang sur ma lame me provoqua une érection. "mmmm le plus puissant des aphrodisiaque. Le sang de ma proie. Quel parfum subtil."

-Ne t'inquiètes donc pas, ta mort sera lente et douloureuse. Personne ne vient jamais par ici, alors garde tes cordes vocales pour crier bien haut et bien fort ta douleur. Laisse moi te montrer la dure réalité: les monstres dans ton genre ne peuvent rien face au VRAI humains ! *avec une voix déformée par la rage* Je me souviens très bien de l'animorphe qui ma fait cela !

J'enleva mon cache-oeil, révélant un trou décharné. Poussée par une curiosité un peu trop prononcée, ma futur victime me regarda droit dans las yeux, ou plutôt droit dans l'oeil. Son visage commença à exprimer mon expression favorite: la terreur et le dégoût. J'aimais inspiré ces émotions. Je tremblais d'une rage meurtrière. Je ne pouvais plus me contenir. Je marche lentement vers elle, mû par un besoin de sang naturel.

Je reprenais conscience peu à peu. La première chose que je vis, était du sang. L'information arriva à mon cerveau qui après avoir fait la synthèse, ordonna à mes nerf de transmettre de la douleur. Elle me scia sur place. Mais plus que la douleur, la rage. Je regarda tout autour de moi, cherchant ma proie. Elle avait disparu. Mon calme apparent cachait en réalité la fureur qui bouillonnait en moi. Je me demandais ce qu'il c'était passé... Même en y mettant toute ma concentration, je n'arrivais pas à savoir ce qui m'avait atteint. Mes multiples blessures saignaient abondamment. Je poussa un hurlement de rage, maudissant tout ces êtres inférieurs. Je me releva avec peine. Où était passé mon bandeau ? Je le retrouva sur ce qui devait être auparavant une étagère. Je remarqua alors une lettre qui dépassait. à l'intérieur se trouvait une lettre, une lettre destinée à .. "Eôs". Ainsi donc ce bâtard de Demosthène avait appelé cette horreur comme cela. Je me mis à sourire. Mon trophée avait donc un nom... J'entendis mon cheval hennir. Il avait raison. Je devais rentrer. Je me promettais que la prochaine fois elle ne s'en sortirait pas et cette fois, je la réduirai en charpie.

Note: fini =) pour la suite, RDV au palais des animaux